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Le vortex polaire est assez chahuté en ce début de saison froide et pourrait demeurer instable dans les prochaines semaines. Cela peut favoriser des descentes d’air froid vers nos latitudes. Notre article vous explique.
Réchauffement stratosphérique et vortex polaire instable
On parle de réchauffement stratosphérique soudain (SSW) lorsque la stratosphère au-dessus du pôle Nord se réchauffe brutalement – parfois de 40-50°C en seulement quelques jours. Généralement, ces réchauffements se produisent en plein hiver avec une occurrence plus importante en janvier et février. Les conséquences – qui mettent du temps à se propager près du sol – interviennent plutôt en fin d’hiver. Or, un réchauffement stratosphérique anormalement précoce est modélisé pour la fin novembre 2025. Au dessus de la Sibérie, la température à 30 kilomètres d’altitude pourrait s’élever de -55 à -20°C en quelques jours à la fin du mois, typique du phénomène de SSW.

Réchauffement stratosphérique modélisé fin novembre 2025 – meteociel.fr
Ce réchauffement stratosphérique perturbe le vortex polaire, cette vaste zone d’air froid qui circule autour de l’Arctique. Le vortex va alors s’affaiblir et les conséquences peuvent descendre jusqu’à la troposphère. Cela affecte le courant jet, qui circule d’ouest en est autour de l’hémisphère nord. Ce dernier tend à faiblir et à onduler davantage, ce qui peut entraîner des décrochages d’air polaire en direction des latitudes tempérées, comme en France. Généralement, les conséquences d’un réchauffement stratosphérique se font sentir plusieurs semaines après qu’il se soit produit, car sa propagation vers les basses couches de l’atmosphère prend du temps, et n’est d’ailleurs pas systématique.

Différences entre un vortex polaire stable et perturbé par un réchauffement stratosphérique – via Le Parisien
De plus grandes chances de vivre un hiver froid ?
Ce réchauffement stratosphérique précoce pourrait avoir des conséquences importantes. Selon les dernières modélisations, les vents zonaux – qui circulent d’ouest en est – pourraient fortement ralentir voire même s’inverser au cours du mois de décembre 2025. L’incidence la plus importante est une perturbation du courant jet, qui lui aussi fait le tour de l’hémisphère d’ouest en est et donne à la France son climat océanique. Avec un jet stream plus faible et plus ondulant, le risque de connaître des descentes d’air polaire vers nos latitudes s’en trouve augmenté. Ces paramètres semblent donc ouvrir la porte à un hiver potentiellement plus froid que les précédents.

Vents zonaux (circulant d’ouest en est) vers 30 km d’altitude (en stratosphère) prévus jusqu’à début janvier 2026
Toutefois, un réchauffement stratosphérique majeur n’est aucunement une garantie de connaître un hiver froid. Tout d’abord, il faut que ses conséquences descendent de la stratosphère vers la troposphère afin de perturber le courant jet, ce qui n’est pas toujours le cas. Quand bien même cela se produirait, il faut aussi que notre pays se trouve dans la trajectoire des coulées d’air froid. Un jet ondulant favorise les flux méridiens, c’est à dire les flux de nord mais aussi les flux de sud. Par exemple, si une coulée d’air polaire plonge sur l’Atlantique, elle peut entraîner une vague de douceur sur l’Europe.
Auteur : Alexandre Slowik
