Republié via Innoreader Lire la Suite
Fin novembre et décembre 1969, une vague de froid frappe la France. En moins d’une semaine, la neige recouvre le pays, la température chute à –29,6 °C et la vie quotidienne s’arrête. Records de froid, transports paralysés et crise sanitaire aggravent la situation. Cet épisode reste l’un des plus marquants des années 60.
Une vague de froid qui débute fin novembre 1969
À la fin du mois de novembre 1969, la France s’apprête à entrer dans l’hiver, sans anticiper toutefois une advection froide d’une intensité exceptionnelle. En quelques jours, le territoire bascule dans un épisode hivernal remarquable avec des températures particulièrement basses et de la neige en abondance.

Le 25 novembre, une masse d’air polaire maritime instable déboule depuis les Pays scandinaves, jusque sur la France, entraînant des chutes de neige précoces et une désorganisation rapide des réseaux de transport. Les archives météorologiques décrivent une situation de « neige paralysante », conséquence d’un refroidissement brutal. En moins de 48 heures, une grande partie de la France se trouve plongée dans un véritable régime hivernal.

Après les chutes de neige conséquentes et étendues des 25 et 26 novembre 1969, les températures nocturnes descendent à –10 °C à Saint-Étienne, –8 à -10°C dans les zones peu urbanisées de l’Ile-de-France et surtout –29,6 °C à Mouthe, valeur qui constitue encore aujourd’hui le record absolu national pour un mois de novembre ! La commune du Jura confirme alors sa réputation de « petite Sibérie » française, liée à sa topographie de cuvette favorisant l’emprisonnement d’air froid.
Début décembre 1969 : la neige s’étend encore un peu plus…
Au début du mois de décembre, l’anomalie froide persiste et s’étend jusqu’au domaine méditerranéen. Les 7 et 8 décembre, la vague de froid atteint son paroxysme, avec –15 °C à Reims, –11 °C à Rouen, –10 °C à Lille, Orléans et Beauvais, et une journée sans dégel à Toulouse, où la température maximale reste inférieure à 0 °C.
Le 9 décembre 1969, une nouvelle perturbation neigeuse recouvre la moitié nord de la France. Au matin, près de trois Français sur quatre se réveillent sous un manteau neigeux continu. Les transports publics sont interrompus, de nombreux axes routiers deviennent impraticables avec de nombreux carambolages et des aéroports fonctionnant en capacité réduite. Le 13 décembre 1969, journée d’inauguration de la ligne RER A à Paris, la température ne dépasse pas 0°C.

S’ensuit alors une crise sanitaire importante
Cette séquence météorologique coïncide avec la diffusion rapide du virus de la grippe de Hong-Kong (H3N2). Le froid augmente la stabilité du virus dans l’air et favorise sa transmission. Les hôpitaux sont rapidement saturés, et les données sanitaires deviennent alarmantes : environ 20 000 décès sont enregistrés pour le seul mois de décembre 1969. Les administrations signalent des taux d’absentéisme pouvant atteindre 60 %, et à Toulouse, près d’un habitant sur quatre est hospitalisé. La France fait alors face à une double crise, à la fois météorologique et épidémiologique.
Décembre 1969 se classe parmi les dix mois de décembre les plus froids du siècle, avec une anomalie thermique nationale de –2 °C par rapport aux normales climatologiques.
Les analyses récentes suggèrent qu’un épisode de cette intensité serait aujourd’hui beaucoup moins probable dans le contexte du réchauffement climatique : si les vagues de froid persistent, elles tendent à être plus courtes, plus espacées et moins rigoureuses qu’au cours des décennies passées.
Ce qu’on retient de la vague de froid 1969
25 novembre – 12 décembre : deux semaines glaciales
La quasi-totalité du pays sous la neige
–29,6 °C : un record national encore inégalé en novembre
Journées sans dégel sur de vastes régions
Parmi les décembres les plus froids depuis 1900
Un épisode aggravé par une forte épidémie de grippe


